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À 34 ans, la Suissesse, Justine Mettraux, a déjà un CV bien fourni dans le monde de la course au large, elle vise même le Vendée globe 2024. Celle qui a terminé 2e de la Mini-transat 2013 en catégorie « série » est engagée pour féminiser le milieu de la voile.

Justime Mettraux sur son mini 6.50 TeamWork
Crédit photo : Stéphanie Gaspari

Justine Mettraux est originaire de la Suisse. Avec ses quatre frères et sœurs, elle découvre la voile grâce à ses parents, sur le lac Léman. « On avait un bateau familial sur lequel on passait du bon temps, se souvient-elle. Mes parents étaient originaires de la campagne, ils ont découvert la voile sur le tard mais ils nous ont tous transmis leur passion. J’ai fait aussi pas mal de camps de voile en mer quand j’étais adolescente. »

Sur l’eau, Justine se rend compte qu’elle n’aime pas seulement la voile. Elle adore aussi les régates, qu’elle écume sur le lac Léman avec brio. « Avec mes frères et sœurs, on y a pris goût, on était tous inscrits au Centre d’entraînement à la régate de Genève, souligne-t-elle. D’ailleurs, aujourd’hui, on travaille tous dans le milieu de la voile ! »

Enseignante et régatière

Tout en menant des études pour devenir enseignante, la jeune femme ne peut s’empêcher de continuer la régate. Et pas que dans l’eau douce. Entre 2008 et 2010, Justine participe à trois Tour de France à la Voile. Elle intègre le projet D35 Lady Cat pendant deux ans, tout en effectuant des remplacements en tant qu’enseignante en Suisse. 

C’est en 2013 qu’elle saute dans le grand bain, grâce à son sponsor Teamwork. Justine prend le départ de la Mini-transat et elle termine en deuxième position dans la catégorie « série ». Elle obtient la meilleure performance féminine jamais réalisée sur cette course ! Rien que ça. « Grâce à mon sponsor, j’ai pu avoir un vrai projet professionnel en Mini. C’est à ce moment-là que j’ai arrêté l’enseignement et que je suis allée m’installer en Bretagne pour m’y mettre à fond. »

Dans l’équipage féminin de Samantha Davies

En 2014, dans la foulée de la Mini-transat, Justine Mettraux ne perd pas de temps. Elle est sélectionnée pour participer à la Volvo Ocean Race (tour du monde en équipage) dans l’équipage 100 %  féminin « SCA », emmenée par une certaine Samantha Davies. Puis, elle enchaîne plusieurs circuits de la Solitaire du Figaro, avec une belle septième place en 2017, notamment.

La même année, elle court à nouveau la Volvo Ocean Race, cette fois avec Dongfeng race team. Ils termineront vainqueur de la 13e édition en 2017 ! Suivront la Transat Jacques-Vabre, la Transat AG2R, qu’elle termine 10e au classement général en binôme avec Isabelle Joschke, l’unique équipage féminin de la course. Justine Mettraux est aussi élue navigatrice suisse de l’année aux SUI Sailing Awards 2019.

Un Vendée globe en 2024 ?

À 34 ans, cela fait plus de dix ans que Justine Mettraux évolue dans le monde de la course au large et elle a déjà un CV digne des plus grands marins de notre époque ! Pas étonnant qu’en 2021, elle intègre l’équipe internationale 11th Hour Racing en qualité de co-skipper à bord de l’Imoca de l’ancien Hugo Boss d’Alex Thompson. Au programme : The Ocean Race Europe, la Fastnet Race, la Transat Jacques-Vabre à nouveau et pourquoi pas un Vendée globe en 2024… « J’aime les courses en équipage mais aussi les courses en solitaire. Cela fait longtemps que j’y pense et j’aimerais beaucoup prendre le départ du Vendée globe 2024. » À bon entendeur.

Avec ses nombreux projets, Justine Mettraux trouve tout de même le temps de s’engager pour la voile au féminin. Elle est ambassadrice du Magenta Project, un réseau de sportives qui fait la promotion de la voile auprès des filles qu’elle a lancé avec ses anciennes équipières de la Volvo. « Personnellement, je n’ai jamais eu de problème pour m’intégrer. Au Centre d’Entraînement à la Régate de Genève, les équipages étaient souvent mixtes, j’ai toujours été habituée à cela. La question d’être une fille ou un garçon sur un bateau ne se posait même pas. »

Mais plus tard, quand elle se professionnalise, elle remarque tout de même que lorsqu’on est une fille, « on est moins prise au sérieux quand on veut faire de la course, même si j’ai réussi très vite à montrer que j’étais compétitive ». Pour la skipper chevronnée, la présence des femmes est encore trop rare dans la course au large. La preuve, aujourd’hui, Justine Mettraux navigue dans des équipages composés d’hommes, épaulée par une équipe technique 100 % masculine.

Les quotas, une étape franchie

Pour féminiser le milieu, la trentenaire apprécie les quotas initiés par la Volvo Ocean race et les circuits olympiques. « C’est un pas très important qui a été franchi », souligne-t-elle. « S’il pouvait y avoir des idées reçues sur la capacité des filles, les quotas ont démontré que dans les équipages mixtes, tout se passait très bien. Et puis, cette mixité a vraiment ruisselé sur les autres circuits, ce qui a donné à des femmes des opportunités de naviguer à haut niveau, de progresser, de se former… Pour moi, les quotas, c’est comme dans tous les milieux, cela permet de faire avancer les choses. »

Les crèches initiées par la Fédération française de voile dans certaines régates mais aussi la sélection féminine en Figaro sont, pour Justine Mettraux, de bonnes initiatives. « Tout ce qui peut permettre aux femmes de continuer à avoir accès aux régates, à pouvoir accéder au haut niveau est positif », souffle-t-elle.

Le mentorat qu’elle effectue auprès de jeunes navigatrices dans le cadre du Magenta project participe aussi « à une sororité* ». « Pendant un an, on les aide, on partage nos réseaux, on offre des opportunités de navigation… C’est un système vertueux. » Un projet qui permet de prouver aux femmes qu’elles sont capables, tout comme Justine Mettraux, de traverser des océans en course et dans le peloton de tête !


Le conseil à Hélène Clouet

« Prendre un maximum de plaisir pendant la Mini-transat, profiter de ce temps en mer et j’espère qu’elle aura envie de continuer dans la course au large ! »

*L’équivalent féminin de fraternité


Manon LOUBET, pour l’association FAMABOR

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