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Si Céline Sallès est née dans la région parisienne, elle a passé toute sa jeunesse et sa vie sur l’eau, la voile, sa passion étant devenue son métier.  À 30 ans, elle revient sur l’expérience de la Mini-transat et de sa position en tant que femme dans le milieu de la voile. Rencontre.

Céline Sallès

« Quand je suis arrivée à huit ans pour vivre à Loctudy (Finistère) avec mes parents, mes premiers essais en voile, en optimist, ont été un fiasco », se souvient Céline Sallès, en riant. Mais à 30 ans, la jeune femme, née en région parisienne, a aujourd’hui un parcours tourné à 100 % vers la mer.

Après avoir évolué en optimist, planche à voile, laser, J80 et Class 8, la mordue de voile décide d’en faire son métier. « J’ai fait une licence Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) puis un Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et des sports (Bpjeps) voile. »

La Mini, un défi lancé autour d’un verre

La jeune femme enchaîne alors les saisons en Bretagne mais aussi en Corse. « C’est en Corse, avec Aurélien, un moniteur du club où je travaillais – Les Fauvettes à Porto-Vecchio – qu’on s’est lancé le défi de la Mini-transat en 2016, je m’en souviens très bien. Une idée d’un soir, comme ça, autour d’un verre… »

Une idée qui se concrétise pour Céline Sallès puisqu’elle réussit à prendre le départ de la Mini-transat en 2019. « Pendant deux ans, j’ai tout mis de côté. La Mini, de toute façon, c’est comme ça : tu penses Mini, tu rêves Mini, tu ne fais que ça ! J’ai bouclé mon budget à 80 000 euros, c’était serré mais j’ai pu aller au bout de ce projet et c’était vraiment génial. »

Une expérience, un défi qui a changé la vie de Céline. « J’ai beaucoup appris sur la vie en général, cela m’a vraiment changé ma façon de voir les choses… Aujourd’hui, je suis plus sereine, je dédramatise beaucoup de choses. »

Après cet exploit, Céline Sallès souhaite même changer de milieu et d’environnement de travail. Mais ce n’est pas lié au fait que le milieu de la voile ne lui convienne plus. C’est quelque chose de plus profond. « En fait, j’ai toujours voulu travailler auprès des enfants, être éducatrice pour jeunes enfants, alors, après la Mini, je vais me jeter a l’eau. » Elle va bientôt démarrer une formation dans ce domaine.

« On ne faisait que les cours d’optimists »

Pour elle, le milieu de la voile, même s’il est toujours encore très masculin, n’est pas machiste. « J’ai vraiment eu très peu de mauvaises expériences, assure-t-elle. Cela s’est toujours bien passé, à part peut-être au début, lors de mes toutes premières saisons où nous étions deux nanas pour 12 mecs, on nous prenait pas pour des larbins mais presque et on ne faisait que les cours d’optimist, on n’avait jamais le droit d’encadrer les catas. Mais après mes 18/20 ans, ce n’était plus comme cela. Certainement parce que j’arrivais un peu plus à m’imposer ou parce que le milieu a changé… »

La trentenaire assure que « de plus en plus de femmes arrivent dans le métier mais aussi dans le haut niveau ». « Les femmes prennent leur place. Notre sport est vraiment mixte, la différence ne se fait pas sur le physique, c’est un sport mécanique où tu as besoin de ta tête », souligne la passionnée.

Pour Céline Sallès, l’instauration de quotas sur certaines courses pour accélérer la féminisation du milieu n’est pas forcément une bonne idée. « C’est comme la parité dans les milieux professionnels et politiques, c’est bien mais cela fausse le jeu. Peut-être que ça aide pour embarquer des femmes mais après, c’est pour les mettre à quels postes? Et puis, il faut qu’il y ait un vivier de femmes compétentes pour pouvoir faire des quotas… Peut-être que ce serait mieux de laisser faire les choses doucement. »

Lors de la Mini-transat, Céline Sallès n’avait d’ailleurs pas été très à l’aise quant à la mise en avant des participantes féminines. « C’était presque trop et c’était pas forcément nécessaire, surtout sur la Mini, où il n’y a vraiment aucun problème… »

« Ce n’est pas que du muscles »

Cependant, elle a conscience que pour susciter des vocations, il faut pouvoir s’identifier. « C’est pour cela que je trouve très bien d’en parler, d’aller dans les écoles pour montrer que tout le monde peut faire ce sport, pour ouvrir des portes et des envies. » Selon la Bretonne d’adoption, la voile scolaire et la rencontre avec des grands marins dès le plus jeune âge, c’est la clef pour montrer aux filles comme aux garçons « que ce sport est ouvert à tous et que ce n’est pas que du muscles ».

« Quand on voit des nanas comme Clarisse Crémer ou Isabelle Joschke, qui ont fait le Vendée globe, on voit bien que ce n’est pas le gabarit qui peut freiner les envies. Tout le monde en est capable, c’est dans la tête que tout ça se passe. »

Si la jeune femme a décidé de voguer vers un autre milieu professionnel, elle n’en oublie pas pour autant l’appel du large. « Après la Mini, dès que j’ai posé le pied à terre, j’avais envie de repartir ! J’aimerais bien repartir sur un projet de course au large en Class 40, ça m’intéresserait beaucoup mais ce sera pour plus tard ! »


Le conseil à Hélène Clouet

« Savourer chaque mille à la barre, chaque manœuvre, vivre à fond cette expérience qu’est la Mini et ne pas baisser les bras dans les moments difficiles ! »


Manon LOUBET, pour l’association FAMABOR

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