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MINI TRANSAT 2021 – ETAPE 1 Des Sables d’Olonne à Santa Cruz de La Palma aux Canaries

Vous avez un peu de temps ? Asseyez-vous confortablement, je vais tenter de vous raconter cette étape qui a été sacrément intense.

// LE DEPART : ON Y EST, C’EST FOU

Les quelques jours avant le départ, j’ai eu la chance que beaucoup de mes proches viennent aux Sables d’Olonne me soutenir. C’était tellement génial toute cette émulation. Même si je devais être dans ma bulle, j’ai réussi à en profiter un peu. Quelle émotion au moment de quitter le ponton et au passage dans le chenal des Sables. Je ne pouvais pas retenir mes larmes. L’aboutissement de ces deux années de préparation. J’étais dans les premiers bateaux à sortir du port, et dehors, ça n’était pas agréable. La mer était formée après le coup de vent qui avait retardé le départ. Je n’étais pas dans mon assiette

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. C’était assez stressant et j’ai dû faire des allers/retours devant les Sables pendant environ 3h30 à attendre que tous les bateaux soient sortis et que le départ soit lancé. Un moment franchement pas agréable. A 15H30, le 27 septembre, le départ est enfin lancé ! La direction nous souhaite une belle transat à tous, là encore quelle émotion d’entendre ça. On y est !

// LE FRONT FROID : QUAND TU TE DIS « mais qu’est-ce que je fais là? »

On part au près dans du vent qui faiblit et une mer formée

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. Je ne me sens pas bien : une sorte de mal de mer alors que je ne l’ai jamais eu avant. Pendant plusieurs jours, je n’ai pas réussi à manger grand-chose et le plaisir n’était pas au rendez-vous. Le deuxième jour, comme attendu, le vent remonte petit à petit dans l’après-midi puis dans la nuit on passe enfin ce front froid attendu. Je pensais que ce serait rapide mais en fait ça a duré jusqu’au lendemain midi. J’ai passé la nuit à me faire rincer, le vent est monté pour ma part jusqu’à 35 nœuds de ce que j’ai vu sur mes instruments. Certains ont touché jusqu’à 50 nœuds

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! Dans ces cas-là, j’ai du mal à rester à l’intérieur, je préfère être sur le pont, barrer et garder l’écoute en main. Mais résultat j’étais trempée jusqu’au slip ( : Cette nuit là était démentielle. Imaginez Minus dans la nuit noire, qui se fait submerger à chaque vague. Il faut bien s’accrocher ! Cette nuit-là, j’ai vu quelque chose de complètement fou, je ne savais même pas que ça existait : un arc-en-ciel de lune !Après cette nuit de dingo, les grains se font de plus en plus rares puis le vent et la mer commencent à se calmer. Je fais sécher les habits et je dors pas mal en me disant qu’il va falloir être en forme pour l’arrivée près du Cap Finisterre en Espagne. Les dauphins viennent régulièrement me faire des coucou. Je commence à revivre, ça fait déjà 3 jours qu’on est parti des Sables mais j’ai déjà perdu la notion du temps.

// ESCALE FORCEE EN ESPAGNE : C’EST LA NATURE QUI DECIDE

🇪🇸

On commence à voir les côtes espagnoles, c’est vraiment super beau. Je n’étais pas si mal placée à ce moment dans le classement mais certains vont à la côte et réussissent à toucher un peu de vent tandis que je reste coincée dans la pétole. A ce moment, je relativise pas mal en me disant que la course n’est pas terminée et que j’aurais le temps de me refaire ( : Ahahah, eh non pas du tout puisque le lendemain nous devrons nous arrêter dans un port espagnol. Un nouveau front froid encore plus actif que celui rencontré dans le Golfe de Gascogne va arriver dans la soirée. Avant même que la direction de course nous demande de nous arrêter, j’avais décidé de m’arrêter pour ne pas aller au casse-pipe. On fait donc escale à Camarinas avec 6 autres ministes. Sur place, les locaux sont super accueillants.

// LE NOUVEAU DEPART : COMME UNE QUALIF SOLO

On repart quand le coup de vent est passé dans du vent faible et une mer dégueu. Après cette escale, ça me paraît logique que l’étape soit annulée puisque tous les bateaux se sont arrêtés dans des ports différents, à des heures différentes et sont également repartis à des heures différentes. Le classement n’a plus aucun sens selon moi. L’aspect compétition n’est plus présent et me manque un peu j’avoue. En plus de ça, après quelques heures, je me rends compte que j’ai un souci avec mon mât, il n’est plus bien calé. Je suis dépitée, je me dis que cette étape n’est vraiment pas comme je l’avais imaginée. Après avoir échangé avec les quelques copains à portée de VHF sur mon souci, j’hésite à retourner dans un port pour régler ce problème. Cette perspective ne me dit pas du tout. Finalement, je fais demi-tour pour que mon mât appuie de l’autre côté qui est encore calé le temps de trouver une solution. Je découpe des morceaux de monolitique que j’insère entre le mât et l’étambrai avant de repartir dans l’autre sens. Je vois les câbles qui tiennent le mât à bâbord reprendre une tension normale. Même si c’est mieux, je ne suis pas sereine avec ça et le lendemain, la cale de pied de mât commence à se fissurer.

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Je sors le matériel de strate et hop, c’est parti, je ponce, je découpe mes bouts de tissus, je prépare mon mélange résine/durcisseur et je renforce la cale de pied de mât comme je peux. Ouf, ça prend, et ça résistera jusqu’à la fin de l’étape. Il n’empêche que cette petite aventure m’a bien affectée, j’ai peur d’abîmer le bateau alors je n’ose pas envoyer les voiles appropriées pour aller vite. Je suis sur la retenue et je ne vois aucun de mes concurrents pendant plus de 4 jours. Je me sens seule au monde. Je n’ai aucune idée d’où sont mes potes mais je sais juste que je ne suis pas bien placée dans le classement grâce au bulletin reçu quotidiennement à la radio BLU.

// LES ALIZES PORTUGAIS : LA LIBERATION

Après encore une journée entière où le vent passe de 0 à 30 nœuds dans des directions aléatoires avec de très jolis cumulonimbus, le vent finit enfin par tourner et se caler dans la bonne direction. Les alizés portugais, les voilà ! Que ça fait du bien d’être enfin au portant. Et en plus avec le soleil. Clairement, je revis ( : Malgré le fait que je sous-toile le bateau, j’essaie de faire les bords « dans le bon sens », c’est-à-dire d’exploiter les petites bascules de vent pour faire le moins de chemin possible, empanner au bon moment. L’air s’est réchauffé, plus besoin de mettre de sous-couche ni de bonnet, place à la casquette et au petit ciré léger. Les poissons volants font leur apparition et parfois se ratent et atterrissent dans le cockpit de Minus !

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A chaque fois que je pars au tas, je pêche aussi quelques calamars qui tachent le pont de leur encre. Je me dis que je vais pouvoir ouvrir une poissonnerie en arrivant à La Palma ( : La pêche façon « départ au tas », nouvelle technique de pêche passive. Deux jours avant l’arrivée, j’aperçois Madère au loin, le soleil se couche au-dessus des îles, c’est tellement fou, je me rends compte de tout le chemin parcouru et j’avoue que je suis super émue.

// L’ARRIVEE : SOULAGEMENT, RETROUVAILLES, FIESTA

Voilà, l’arrivée se rapproche, j’aperçois l’île de La Palma dans la nuit, ça fait presque 2 semaines que je suis partie de France. J’ai du mal à réaliser. Je me rapproche à petite vitesse et le soleil se lève, j’entends un grondement continu. Je trouve ça inquiétant, je comprendrais après que c’est le bruit du volcan ! Super impressionnant, décidément cette étape nous fait nous sentir tout petit par rapport aux éléments. A 10h39, le dimanche 10/10, après 12 jours et 19 heures de course, je passe la ligne d’arrivée, accueillie par les nombreux zodiacs de l’organisation et je découvre enfin le port de Santa Cruz. Au ponton, mes proches m’attendent, je suis tellement heureuse de les retrouver. On m’apporte une petite bière ( : Petit déj original mais sacrément appréciable ! Je fais le bilan de la course, un peu déçue du classement honnêtement même si j’ai des circonstances atténuantes. Depuis, c’est bricolage sur le bateau pour être au top pour la deuxième étape. Evidemment fiesta avec les copains aussi ( :

Je n’ai pas encore eu le temps d’aller visiter l’île mais je suis quand même aller voir le volcan en éruption. Vraiment fascinant, c’est une chance dans une vie de pouvoir voir ça. J’aimerais le regarder pendant des heures. Mais c’est aussi une catastrophe pour beaucoup de personnes, des maisons et des bâtiments brûlent. La cendre recouvre tout. Hier soir, l’atmosphère était chargée et on commençait à tousser un peu. Décidément, je crois que cette édition de la Mini Transat est étonnante. Ce matin, nos bateaux sont recouverts d’une couche épaisse de cendres volcaniques. Il y a encore énormément de choses à raconter mais ce serait vraiment trop long alors je m’arrête là pour aujourd’hui.

Maintenant place au repos, et rendez-vous le 29 octobre à bloc pour le départ de la seconde étape vers Saint-François en Guadeloupe. Un immense merci à tous pour vos encouragements ! Vous n’imaginez pas à quel point vous me portez dans les moments positifs mais surtout quand je dois aller chercher des ressources au fond de moi-même pour trouver l’énergie de continuer.

Merci aussi à mes partenaires pour leur immense soutien.

MERCI A TOUS

🙏

Distillerie de La Tour // IEL // Port de Plaisance de La Rochelle // Pochon SA // Le Merluberlu // Pôle Mini 6.50 La Rochelle // Olivier Lhopez Photographe // Fanny Quiniou Coach sportif // Incidence Sails // Blue Orange Games // Izipizi // La Tête de Noeud

Cet article a 2 commentaires

  1. Bonjour Hélène, je te souhaite une belle course et un bon moment. J’espère pour toi que le reste de ta course se passera bien.J’espère que ce n’était pas trop compliqué pour toi quand ton pont s’est fissuré.

    1. Bonjour Anaïs, merci pour les encouragements ! C’était une super expérience.

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