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La Qualification hors course : 1000 milles en solo

Je suis partie de La Rochelle un soir pour aller jusqu’en Irlande et revenir.

> LE DEBUT – De La Rochelle à la pointe bretonne. Quelques copains sont sur le quai pour m’encourager. Ça me fait super plaisir ! Juste avant de partir, je me rends compte qu’un bloqueur de bras de bout-dehors est cassé, heureusement un ami est là pour me sauver. Il va chercher un bloqueur chez lui et 30 minutes plus tard, la pièce est changée. Allez c’est parti pour de vrai maintenant. Cap au nord-ouest !Ça y’est, je suis en mer, je commence à me détendre un peu, les conditions sont tops, je suis travers au vent, la mer est plate. Le vent doit monter un peu dans la nuit mais juste ce qu’il faut et plutôt bien orienté ! Je ne sais pas ce qui se passe cette nuit-là mais il y a des dizaines et des dizaines de pêcheurs ! Je dois slalomer entre les bateaux. Minus a super bien avancé puis la pétole s’est installée, je suis montée doucement vers la pointe de Penmarch et ai passé la nuit dans la baie d’Audierne empétolée accompagnée des dauphins. Leurs mouvements faisaient des éclaboussures phosphorescentes, c’était magnifique. Je suis restée un moment dans la nuit assise à l’avant du bateau à observer ce truc magique, émerveillée. J’arrive le matin après la 2ème nuit en mer vers le Raz de Sein mais il n’y a vraiment pas beaucoup de vent. Je m’aperçois que de l’eau rentre dans le bateau, je dois éponger un peu plus que d’habitude. Je finis par comprendre qu’une pièce qui tient un des safrans à l’arrière a pas mal de jeu ! Bon allez au boulot, je dois aller démonter toutes les mousses d’insubmersibilité à l’arrière à l’intérieur du bateau pour pouvoir atteindre les vis de cette pièce. Je resserre tout et j’ajoute des contre-écrous. L’affaire m’a bien pris 1h30. Ca fait partie du jeu.

> TRAVERSÉE DE LA MANCHE – De la pointe Bretonne aux côtes anglaises : l’aventure !

Ça y’est, je pars vers un endroit où je ne suis jamais allée en voilier. Jusqu’ici je connaissais, maintenant, c’est la découverte. C’est un peu grisant, je sens que la véritable aventure commence. Je suis au top mais au bout de quelques heures, j’ai l’impression d’être un piéton qui essaie de traverser l’autoroute ! de nuit, sous la pluie et avec 20 nœuds de vent évidemment, sinon c’est pas drôle. Je cherche à me frayer un chemin entre les cargos. Ça y’est je suis en Angleterre ! Je nous félicite Minus et moi parce que quand même ça me paraît fort ! C’est l’euphorie, la musique à fond. C’est hyper chouette de voir les grandes falaises d’Angleterre et le phare de Wolfrock, d’entendre les anglais à la VHF. Je ne comprends pas grand-chose mais j’adore. Le soir, je contourne le DST des Scilly et je vois un voilier pas très loin qui s’appelle Louise. Je reçois un appel à la VHF « Minus Minus Minus pour Louise, est-ce que tu me reçois ?» « Louise pour Minus, oui je te reçois fort et clair » En fait c’est Simon qui a fait la mini transat cette année! Incroyable ( : Le premier mini que j’avais visité c’était le sien. C’était totalement incongru de le croiser ici. Quand notre conversation s’est terminée, j’ai même cru que je venais d’avoir une hallucination. On m’a tellement parlé des hallus dues à la fatigue, je me suis dis que c’était peut-être ça ! Qu’est-ce que c’est réaliste ! Bref depuis j’ai eu la confirmation que mon cerveau marchait bien et que c’était bien lui !

>TRAVERSEE DE LA MER CELTIQUE – Mystique !

Allez Go ! C’est parti vers la fameuse bouée Conninbeg ! Cette bouée que je dois contourner pour ensuite redescendre vers le plateau de Rochebonne puis La Rochelle.La traversée est rapide. Minus est bien réglé, il va vite, la nuit est noire, il y a 20 nœuds, il n’y a pas un bateau à l’horizon ! Je suis en plein kif. Je crois même que c’est mon meilleure souvenir de cette qualif. Je me sentais complètement en osmose avec le bateau qui avait l’air lui-même en osmose avec la mer ! Bon ça paraît un peu romancée comme ça mais c’est vraiment ça que je ressentais. J’ai dormi une bonne partie de la nuit, j’étais en confiance.Le matin arrive, et Conninbeg aussi ! Je suis contente mais je commence à ne plus être détendue du tout. C’est bizarre. Je m’imagine que pleins de choses vont casser sur mon bateau alors que tout va bien ! Allez un petit selfie à Conninbeg que je mets 1000 ans à atteindre car la pétole s’installe et c’est reparti dans l’autre sens ! Pendant la nuit je savais qu’il devait y avoir un peu de vent mais il y a eu plus que ce que j’imaginais. Un peu subitement le vent est monté, j’ai du diminuer la voilure. A un moment donné, j’étais travers au vent, 3 ris dans la grand-voile (c’est-à-dire qu’il n’y a plus grand-chose) et sans voile d’avant, Minus filait encore à 9 nœuds … la mer était bien blanche dans la nuit noire. Ça n’a pas duré très longtemps mais c’était plutôt surprenant ! Le matin de ce 6ème jour en mer, j’étais trempée de la tête au pied ! Et tout l’intérieur du bateau aussi. Je me suis souvenue que j’avais mis un ensemble veste de quart / salopette prêté par Romain dans un sac étanche au fond du bateau. Ouf !Un peu après avoir passé le DST, je check la météo annoncée pour la traversée de la Manche dans l’autre sens et les prévisions sont très mauvaises. J’ai donc mis le clignotant à gauche pour aller m’abriter à Newlyn juste à côté de Penzance.

> LE RETOUR A LA MAISON – Du grand n’importe quoi et de la pétole.

Je repars tôt le matin du 8ème jour. Il était temps ! je suis trop contente ! tellement que je fais un peu n’importe quoi la première heure. Je me mets sur un cap qui me permet d’envoyer mon grand spi et on part à fond ! musique à fond aussi, je danse sous le soleil ( : . Je me rends compte qu’en fait, je suis bien trop abattue. Je vais arriver en Normandie à ce rythme-là ! Je dois lofer pour aller vers la Bretagne. Je mets Minus 2 fois en vrac couché sur le côté. Je rigole de ma bêtise, la bonne voile c’est ce bon vieux gennak ! ok, j’affale le spi …J’arrive le soir à Ouessant. Coucou la France ! Mais ça met beaucoup de temps à passer car la pétole arrive. La pétole, toujours la pétole … la bôme qui claque, il fait chaud, je ne peux pas aller dormir.Le 10ème jour, Rochebonne se rapproche mais ça ne va pas très vite. Je passe le plateau en début de nuit et hop cap vers La Rochelle. Je pensais être dans la pétole avec le vent de face mais finalement je suis au reaching avec 15 nœuds. Plutôt une bonne nouvelle. Mais la nuit est un peu compliquée, le vent n’arrête pas de changer de direction et de force. A chaque fois que je vais me coucher, je dois me relever dans les 5 minutes car le pilote ne tient pas ! J’ai su plus tard qu’il y avait une cellule orageuse pas loin…Au petit matin, je vois La Rochelle ! Je me lave un peu, me change pour être présentable en arrivant (la fille imagine qu’il y aura pleins de monde à son arrivée. Finalement je suis arrivée vers 9H30 au ponton, 10 jours après mon départ, super heureuse d’avoir réussi à faire ça…

> LE BILAN : le large en solitaire, c’est trop génial !

Quelle expérience, c’était top ! Cette sensation de liberté qu’on a lorsqu’on est au large est incomparable et on se sent vraiment chanceux. Je me sens vraiment bien en mer en solitaire. J’aime mon bateau, je lui fais confiance. J’ai envie de retourner au large et ça tombe bien car la première course pour Minus et moi a lieu dans quelques jours. Départ le 8 septembre de la Trinité s/ Mer. Merci à tous ceux qui m’aident dans ce projet : mes partenaires, mes ami(e)s, ma famille, les copains et copines d’entraînement. Sans vous, rien de tout ça ne serait possible. En attendant la vidéo, quelques photos

Cet article a 4 commentaires

  1. bravo tout y est la chronologie de la course et le partage des émotions ,sensations
    merci biz bilou

    1. Merci Bilou !

  2. spontané,réaliste,vivant :on s’y croirait!bravo pour le voyage et son récit.

    1. Merci Claude pour ce gentil commentaire.

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